Saturday, November 16, 2013

Un temps pour la mesure, un temps pour la démesure

On fait souvent l'éloge de la mesure. On parle de l'équilibre de vie. Les philosophes antiques bâtissaient leur morale sur le sens de la mesure. Les passions, c'est mauvais, car elles perturbent la raison qui, elle, fait tout avec mesure. Mais toute la rationalité de la mesure est bâtie sur une démesure, sur une logique de l'excès. Les Pères de l'Église ont médité la démesure de Dieu et fait remarquer que la mesure vaut pour tout ce qui est moyen, relatif, interchangeable, jamais pour ce qui est notre fin, qu'il faut chercher à tout prix. Une personne "mesurée" est une personne qui ordonne toute chose selon ce qui mène à plus de... de quoi? de santé? de jouissance? de bonheur? Alors, respectivement, la santé, la jouissance et le bonheur sont cherchés avec démesure. L'équilibre n'est jamais recherché pour soi, mais en vue de quelque chose. Les économistes parlent de l'optimisation du profit. Ce que je considère comme profit, je le cherche sans mesure.

Le temps passe. Il est irréversible. Ma vie sera ou bien retranchée de moi, jour après jour, ou bien donnée par moi. Elle ne peut pas être préservée, et si elle le pouvait... en vue de quoi? La question la plus urgente est de savoir pour-quoi, pour-qui je donne ma vie, si je ne veux pas éprouver le temps comme une perte. Pour-quoi/qui l'excès?

L'enfer... c'est l'équilibre! C'est se prendre pour son propre Dieu. L'excès des pécheurs de l'Évangile rimait mieux avec l'excès de Dieu que l'équilibre de vie des personnes "bien". Donner sa vie, non la perdre, non la préserver, non la dissiper, non la détester... mais la donner, en assumant la perte conséquente, c'est ce qui me semble le mieux décrire la Passion du Christ. Passion... car excès, comme un parfum déversé sans mesure.

Wednesday, November 6, 2013

Lectio Divina - location...


Chers amis,

La prochaine rencontre de Lectio Divina aura lieu le 8 novembre à 8h, mais non plus au Centre Liqaa mais au théatre du patriarcat (pour les anciens: là où nous avions commencé il y a deux ans!!). Pour arriver au Patriarcat, au lieu d'entrer au Centre Liqaa comme la dernière fois, continuer la route qui monte. Quelques 300 m. plus haut, entrer à gauche (c'est marqué par une grande pancarte... mal éclairée).

À vendredi,
Dany

Monday, November 4, 2013

Prière pour la Syrie... par Tony Homsi SJ



PRIÈRE POUR LA SYRIE
PAR TONY HOMSY, SJ, LE 6 SEPTEMBRE 2013

Jésus, mon ami, je ne te demande pas ces choses souvent, mais, qu’en serait-il si tu étais un jeune homme Syrien âgé d’une trentaine d’années?
Je te pose cette question naïve – mais ce n'est pas vraiment une question. Je la pose pour te raconter comment les deux années et demie passées ont mené la Syrie – mon pays – à un nouveau tournant d'où nous ne pouvons plus revenir en arrière.
Je sais que la Syrie n’est pas étrangère pour toi, car tu as passé presque toute ta vie si proche d'elle. Je sais que tu connais la couleur de notre terre, que tu as rencontré Paul près de notre capitale, Damas.
Je ne parle pas de ça parce que j’ai peur de l’avenir ou des conséquences de la guerre – de quoi que ce soit d’extérieur. Je te parle de ces choses parce que je veux être un chrétien au fond de moi-même, pas simplement membre d’un groupe qui cherche à survivre. Je veux vivre une vie chrétienne, comme quelqu’un qui a été baptisé pour être prêtre, prophète et roi – comme toi. Je te pose ces questions car je me sens perdu et je n’arrive pas à trouver des réponses qui m’apportent la paix. Généralement je veux être comme toi, mais aujourd’hui – juste aujourd’hui – je désire inverser les rôles.
Comment réagirais-tu si tu étais à ma place? Aujourd’hui je veux que tu sois comme moi, Seigneur, tout en restant mon Seigneur. Je le veux pour que tu puisses me guider. Pour que je sache comment vivre en bon chrétien.
En effet nous ne sommes pas si différents. Ce que tu as vécu il y a deux mille ans était très semblable à ce que je vis actuellement. Je suis né sous une dictature. Comme beaucoup de Syriens, moi aussi j’ai rêvé du jour de la libération. Te rappelles-tu encore le jour où tu es né sous Hérode? Et la terreur ? Fais que je vois cette situation de la même façon que tu as vu la tienne. Donne-moi d’y voir non seulement la tyrannie, mais aussi un appel – comme le tien, comme celui que tu as senti – qui m’encourage à changer ce monde.
Et ta famille, je suis sûr qu’elle a fait face à des problèmes quand la bureaucratie aveugle a demandé à Joseph et Marie d’aller à Bethléem pour s’inscrire là-bas. Je sais, moi aussi, ce que veut dire faire face à cette bureaucratie jour après jour. Tout ce que je veux pour mon pays c'est le progrès. C’est pourquoi, aujourd’hui, alors que partout dans le monde les gens prient pour la paix dans mon pays, je te demande de m'accorder – de nous accorder à nous tous – tes dons afin que je puisse être patient et comprendre que tout prend du temps. Et pourtant, Seigneur, est-ce que la paix peut arriver plus tôt ? Et le progrès aussi ?
Je sais que tu n’as pas besoin d’une connexion Internet pour voir les atrocités que le monde voit, le massacre d’enfants et de femmes. Sans doute ça doit être semblable à ce que tu as entendu – les histoires des massacres à Jérusalem, comme celui commis quand toi tu es né, petit enfant impuissant. Je me demande si tu t'es senti pris au piège quand tu gisais dans la mangeoire alors qu’avait lieu le massacre des innocents. Moi aussi je me sens pris dans un piège, comme un enfant impuissant qui ne peut pas encore parler. Aujourd’hui, je te demande de m'accorder le don de la liberté, la liberté de ne pas répondre à une telle violence avec encore plus de violence afin que je sois doux et n’agisse pas par violence.
Te rappelles-tu encore le jour où poussé par l’Esprit Saint, tu as quitté ta maison pour aller au désert ? Est-ce que Marie ne souhaitait pas que tu y restes ? Il me semble impossible qu’une bonne mère puisse souhaiter que son fils quitte – mais les mères syriennes, ces jours-ci, préfèrent ressentir l'absence de leurs époux et fils. Mieux vaut savoir qu’ils sont sains et saufs, loin de la maison, que dans des cercueils. Aujourd’hui, je te demande de consoler toute mère en deuil, et toute mère loin de ses enfants. Conforte toute veuve et toute bien-aimée. Je suis un de ces fils loin de la maison, Seigneur. Je suis loin de ma maison et je sens l’attente dans la peur et la panique anxieuse de ces jours à travers ma famille et mes amis.
Est-ce que le sifflement, la plainte stridente et l’explosion des missiles lancés d’un quartier à l’autre ressemblent au tonnerre que tu as connu ? Sais-tu que la peur que tes disciples ont senti quand ils dormaient dans la barque n’est qu’une ombre de la peur que mes amis et ma famille ressentent au bruit des bombes ? Aujourd’hui je te demande de nous donner le courage afin que nous ne nous sentions jamais plus dans l’insécurité – car nous te sentons près de nous.
Sais-tu, Jésus, que je n’ai jamais porté une arme? Je ne sais même pas comment ça s'utilise. C’est pourquoi c’est étrange qu’une partie de moi désire que quelqu’un, quelqu’un avec des armes puissantes, intervienne pour nous libérer de notre misère. C’était l’appel du Pape pour la paix qui a suscité un petit morceau de désir de paix dans mon coeur. Et puis je me suis rappelé que, toi aussi, tu avais refusé de porter des armes, même pas une pierre à lancer contre une supposée pécheresse. Aujourd’hui je te demande de m'accorder le don d’un coeur en paix afin que je puisse demander la paix et l'entente, plutôt que d’employer la force.
Avec quelle rapidité les armes chimiques ont tué autant d’enfants innocents. En un clin d’oeil. Mon diplôme en chimie ne m’aidera pas à te décrire quelle odeur a ce gaz toxique, ou ce que sent un être humain quand il est en train d’en mourir. Mais tu sais ce que signifie souffrir et étouffer en mourant. Aujourd’hui, je te demande le don de la compassion afin que nous puissions partager la souffrance et la passion de ces innocents.
Tant de mes amis ont quitté la Syrie, certains avant, d’autres après cette crise. Pourquoi es-tu revenu à Jérusalem ? N’avais-tu pas remarqué le succès que tu avais eu en Galilée et dans la Décapole ? N’avais-tu pas senti la joie de t’asseoir et de manger avec les amis et les étrangers ? Pourquoi es-tu parti pour aller à Jérusalem quand tu savais ce qui t’attendait ? Est-ce parce que toi aussi tu n’as appris à aimer Jérusalem qu’une fois que tu l’avais quittée ? Aujourd’hui je te demande de nous accorder la fidélité afin que nous aussi nous puissions souhaiter revenir chez nous, aimer la Syrie de nouveau.
Aujourd'hui, Jésus, je vais te révéler un secret que je n’ai jamais révélé à personne auparavant. D’habitude, tu sais, ce n’est pas bien pour moi de parler des fautes de ton Église – mais tu ne t’es jamais tu devant des attitudes indésirables. Et aujourd’hui le même cancer continue à se répandre. Donc, avec mes excuses je te dis que parfois je suis embarrassé par tous les discours sur la souffrance des chrétiens alors qu’on ignore la misère de nos frères et soeurs musulmans. Parfois ça me rend furieux Aujourd’hui je te demande de m'accorder la compassion pleine de miséricorde afin que je puisse aimer ton Église dans ses fautes – et me rappeler que moi aussi je fais partie de cette Église et que j'ai besoin de pardon.
J’ai encore une question, Jésus : comment leur as-tu pardonné alors qu’ils te crucifiaient ? C’est ce qui me hante le plus, la difficulté de pardonner à ceux qui me font du mal. Je n’y arrive pas; je n’ai pas d’explication logique pour comprendre comment tu as pu leur pardonner alors qu’ils te faisaient mal. Quand je cherche une explication, tout ce dont je me souviens c'est ton appel à te suivre dans lequel est compris le commandement: pardonnez à ceux qui vous font du mal. Donc aujourd’hui, Seigneur, je te demande le pardon. Pardonne-moi et pardonne à mes ennemis.
Je m'avance sur une frontière subtile entre l’espoir et le désespoir. Je pense que c’est le même sentiment qui habitait tes disciples après ta mort. Comme eux je veux que mon rêve se réalise, je veux la liberté, et que le sang de 100,000 personnes n’ait pas été versé pour rien. Je crois en ta Résurrection. Donc quand je, quand nous nous sommes tentés de baisser les bras, quand nous voulons rester ensevelis dans la tombe de l’esclavage, viens et relève-nous.
Viens ressusciter en nous afin que nous puissions traverser le Golgotha et passer à la gloire de la résurrection. Et confiant en ton Père, nous les Syriens, et tous ceux qui prient avec nous aujourd’hui, nous pouvons dire : Dieu, entre tes mains nous remettons notre pays. Ô Jésus, ressuscite la Syrie aujourd’hui !
Je te remercie d'avoir écouté.
Tony Homsy

Wednesday, October 30, 2013

Don't you just love the Scriptures?

8:12 “Do not say‘Conspiracy’ every time these people say,  ‘Conspiracy
Don’t be afraid of what scares them; don’t be terrified.’’

That was Isaiah! Thousands of years ago... How true!

I had not noticed this verse until today,while  working (as I should) on my dissertation. 

Just that... Thought it would be good to know! Have a blessed day.

Tuesday, October 29, 2013

Aydan wa Aydan... Lectio divina

J'ai la joie de vous annoncer que

 les rencontres autour de la 

lectio divina commenceront 

ce vendredi à 20:00 précises 

à Rabwé. 


Rendez-vous devant la porte 

du Centre Liqaa 

(avant d'arriver au Patriarcat).

Spread the word...

Thursday, October 24, 2013

ATTENTION


ATTENTION: 
La Lectio Divina 
ne commencera pas 
le 25 octobre comme prévu.
Je donnerai une date ultérieurement.

Wednesday, October 16, 2013

Gestion du temps

Ma première priorité, théoriquement, c'est de finir ma thèse. Il me manque encore quelques 80 pages. Mais ça fait des mois que je n'avance pas. Blocage? Manque de temps? La gestion du temps n'est pas une question managérielle (ce mot existe?), mais une question affective. Je me suis lié avec beaucoup de personnes, surtout pour un accompagnement spirituel.

Voici par exemple:
- La retraite dans la vie me demande pas mal d'investissement. C'est vrai que je suis assisté par un bon nombre d'accompagnateurs, mais je suis souvent pris par des détails que je dois régler.
- J'interviens dans trois noviciats: celui des Soeurs des Saints-Coeurs, celui des Mariamites, celui des Antonines.
- Je dois prendre contact avec le séminaire grec catholique, pour y continuer l'accompagnement spirituel de quelques 10 séminaristes, comme je fais depuis 5 ans.
- Je continue à assister la Congrégation des Soeurs de Notre-Dame du Bon Service dans la Békaa. Prochainement, je commence avec elle une formation à l'accompagnement.
- à l'USJ, en plus des deux cours que je donne le semestre prochain, dont l'un exige une préparation considérable, je collabore à un projet de recherche, et je suis en retard flagrant par rapport aux délais.
- Je commence, le 25 octobre, une série de rencontres sur la Lectio Divina, la lecture priante de la Bible.
- Je donne pas moins de 5 retraites de 6 à 8 jours entre novembre et juillet.
- Je dois préparer deux sessions pour les Jésuites en formation.
- Je suis toujours pris dans le chantier de la réforme du programme de formation dans ma Province.
- J'ai perdu le compte des personnes que j'accompagne individuellement.

Si j'ai laissé de côté quelques autres activités, c'est pour atténuer le sentiment de culpabilité qui m'envahit à la vue de cette liste. Que faire de ma priorité, càd la thèse?

La gestion du temps est une question affective... Comment gérer mon affectivité de façon à ce que je reste fidèle à ma vocation première, celle d'être à la disposition du Seigneur pour servir sa Mission? Je sais que, en tout cela, je ne suis attiré que par l'appel de Jésus. Mais le discernement est devenu difficile. Je dois, en plus, faire attention à ma santé. ouf! J'ai envie de deux semaines de vacances. 

Tuesday, September 24, 2013

Retour

Tenir un blog, à nouveau, ne me vient pas naturellement. Je préfère converser face à face. Quand j'étais en Allemagne, je cherchais un moyen pour tenir mes amis au courant de mes nouvelles, sans envahir leur boîte de courriel. Le blog de l'époque me servait bien. Petit-à-petit, mes entrées ont outrepassé le domaine de mes nouvelles, et je me voyais en train de partager mes vues sur plusieurs affaires. J'ai aussi découvert, avec admiration, le blogging et son monde. De retour au Liban, je ne trouvais plus ni le temps ni la motivation pour blogger. Si j'y reviens, c'est presque à contre-coeur. 

Plusieurs me réclament des nouvelles, d'autres voudraient savoir quand et où je donne des retraites spirituelles, à d'autres encore je donne par-là une adresse fixe pour me trouver, virtuelle bien sûr puisque je n'ai pas habité une chambre fixe pour plus de deux ans depuis que je suis dans la Compagnie. 

Pourquoi en français? C'est le moindre mal si je veux m'exprimer un peu correctement. L'arabe serait trop "littéraire" et restreindrait le cercle de mes lecteurs; l'anglais, je le connais suffisamment et je peux me rendre lisible avec, mais pas autant que le français. Je ne me gênerai pas d'utiliser l'arabe et l'anglais de temps en temps.

Pourquoi pas Facebook ou autre site "social"? Je les trouve trop "intrusive". Mes quelques expériences avec Facebook m'ont donné plus de maux de tête que de communication. Je garde ma page, mais j'y vais très rarement.

Voilà pourquoi ce blog. C'est ma façon d'être disponible. Je l'intitule "Me Voici"...